«Cela peut nuire, probablement. Mais je ne suis pas le genre d’artiste à peindre la même nature morte tous les jours. La guitare permet un nombre infini de variations. Elle n’a jamais le même son. Tout dépend de la façon dont vous la touchez. C’est un instrument magique, j’essaie d’en explorer toutes les possibilités», (Libération. 2021)
Il reste peu de monde autour de moi pour partager le souvenir de ce grand seigneur ( saigneur?) du pub rock, du rock British...du rock tout court, en fait.
Qui se souvient de lui?
Pour qui a-t-il vraiment compté?
Une poignée d’amis (pas les plus jeunes, certes), mais parmi les meilleurs !
Ceux qui, comme moi, sont passés de la bougie à l’électricité, en un album!
Pas le premier, Down By The Jetty (des bons Dr. Feelgood), qui n’était pas parvenu à nos oreilles , mais le second Malpractice qui atterrit sur nos platines en cette année 1975.
Électrochoc !
Et, parmi ce quatuor de prolos surexcités, celui qui, de ses bonds sur scène, dépassait d’une tête ses camarades,
et redéfinissait les règles du guitariste de rock: Wilko Johnson.
Contrairement à la génération précédente,
ce type n'était pas un guitar hero
juste un jeune type nerveux,
comme nous ,
prêt à en découdre,
comme nous,
infatigable,
comme nous.
Et qui avait, avec ses copains, l'insolence de redéfinir le monde en trois accords.
Mais les bons.
Son jeu, inspiré de Mick Green et ses Pirates, était mordant, incisif, tranchant comme une lame,
et le son de sa Telecaster percutait chaque syllabe de l’enfant terrible au chant : le grand Lee Brilleaux
En 1975, ils étaient les plus forts.
Parce qu'ils avaient faim.
Alors ils ont dressé la table
et nous ont becquetés tout crus.
Et le mouvement punk,
déjà prêt à la renverser,
(la table)
attendait son tour ( une question de mois…1976/77)
Mais avant de passer à l’arrière plan du déferlement « no future »,
ils ont tenté de braquer la caisse, histoire de se payer de nouveaux costards
de meilleur qualité
plus confortables
ils ont tenté.
À grands coups de concerts explosifs et de tournées sans fin.
Mais il faut croire que le confort n’était pas au programme.
Ils resteront les beautiful losers, les majestueux seconds couteaux de cette belle épopée du rock british.
Wilco a bien tenté une carrière solo.
Droit dans ses bottes.
Avec une constance admirable.
Et toujours ce son inimitable
qui l'accompagnera, malgré la maladie, jusqu'à son dernier souffle, sur les scènes qu'il continuait à fouler. Infatigable.
Triste nouvelle.
Tu as été la première bande-son de notre adolescence.
fratello mio ce petit homme qui descend fièrement l'escalier de l'appartement de son père une guitare à la main tu vois cet étui tu devines cette guitare cette Epiphone que tu m'as confiée malgré toi malgré moi il y a bientôt 20 ans jour pour jour cette guitare et toutes ses petites soeurs puisque depuis cette froide nuit d'hiver tu n'allais plus jamais y toucher ce petit homme figlio mio il descend fièrement l'escalier une guitare à la main une guitare que je lui ai confiée celle de son oncle qu'il n'a pas connu dont je lui ai beaucoup parlé il s'en va fièrement à la première répétition de son premier groupe il a l'âge que nous avions quand nous avons commencé fratello mio il y a une éternité
avec quelques amis nous plaquions les mêmes accords sur ces manches en bois avec rage et ce fut comme une révolution dans les quartiers qui dormaient depuis trop longtemps tu vois
de là haut ce petit homme qui a un peu de ton sang dans les veines s'accroche aux cordes de cette guitare avec la même impatience et pourrait bien nous étonner toi comme moi
sur cette petite scène de collège
en cette fête de fin d'année qui ressemblera à n'en pas douter à cette première scène d'école primaire
où nous avons croisé le fer pour la première fois tu t'en souviens fratello mio il y a une éternité je l'aime ce petit homme comme je t'ai aimé et comme je t'aime encore infiniment le grand jour n'est pas loin
où le petit homme donnera ce premier concert et je sais déjà que j'aurai du mal à retenir mes larmes
pour un frère disparu mais pas tout à fait une guitare qui s'est tue mais pas tout à fait
Un supplément d'âme pour clore cet été hors du commun
Soul estampillée 2020
cette année n'aura pas été vaine Arlo Parks,
un père nigérien, une mère moitié tchadienne/moitié française
elle grandit néanmoins à Londres
elle héritera, de sa mère le spleen de Brel ou de Piaf
Fela Kuti, Charles Mingus, Coltrane ou Miles Davis, de son père,
et d'une belle collection de vinyles du tonton
elle se nourrit autant de hip-hop (the roots) que de jazz et de soul (Aretha Franklin, Al Green)
c'est Lily Allen qui entend son premier titre (Cola) à la radio,
tombe sous le charme,
et partage à qui veut l'entendre
(la bonne fée) Arlo Parks écrit "super sad génération" mais le titre est trompeur, "il y a beaucoup à dire sur cette génération Z c'est vrai, mais elle est aussi vibrante, super créative et porteuse de plein de bonnes choses".
aucun doute
en boucle sur ma platine
jusqu'au prochain confinement
et au delà
voilà Goa Express,
jeunes lads de Burnley (Angleterre),
James douglas Clarke (guitares)
Joey Stein (guitares)
Joe Clarke (clavier)
Naham Muzaffar (basse)
Sam Launder (batterie)
leur fougue fait des miracles,
comme ce titre Goa
qui pourrait ressembler à tant d'autres
mais qu'ils balancent à fond de cale
comme si leur vie en dépendait
et explosent l'affaire en 1 minute 40 chrono
et ça fait toute la différence
c'est court
mais c'est bien assez pour faire chavirer les premiers rangs