dimanche, juillet 17, 2016

PERTE ET FRACAS



Avec une effroyable actualité,
qui ravive sans cesse la douleur d'une époque cernée par la peur,

et cette désolante impression que les quelques notes de musiques, glanées ça et là,
ne suffiront plus à nous réjouir, le temps d'une valse,
le temps d'un couplet,
le temps d'une étreinte,

ce blog peine, davantage de jour en jour, à se conjuguer au présent.

D'autant que les mauvaises nouvelles se ramassent à la pelle.
Comme la perte d'un morceau de jeunesse,
d'un déglingué de la première heure,
de celui qui, avec l'aide de son ami Martin Rev, depuis New York,
allait participer copieusement, au mitan des années 70, à poser les bases d'un élan arty, noisy, et quoiqu'on en dise, rock'n roll:
le punk,
dans lequel nous allions nous engouffrer sans retenue, agrippés à cette bouée qui allait nous sauver de la noyade sirupeuse des hits parades de l'époque.
Son nom, Alan Vega.
Car, pour toute ma génération, du haut de nos 18 ans,
et bien que les groupes de l'époque jouaient plus vite et plus fort que leurs ainés,
les vrais punks, c'étaient eux.
Alan Vaga (chant), et Martin Rev (machines)
leur duo apocalyptique: Suicide.
Aucune guitare
aucune batterie
des machines (comme Kraftwerk?).
Comment peut-on parler de rock' n roll?
Aucun refrain.
Une seule phrase,
souvent,
répétée en boucle.
La boucle, voilà le maître mot.
Le rock' n roll, ou, ce qu'on appelle aujourd'hui les "musiques actuelles" (la pop, dans ces années là) n 'avait pas encore eu le courage de sortir du carcan couplet, refrain, couplet. Alan Vega balaya tout ça dans grand coup de pompe, pour ne plus jamais y revenir.
Et leurs concerts, dans ces conditions, ressemblèrent davantage à des corridas soniques,
avec mise à mort dans l'arène de l'idole,
réclamée par des gamins pour qui tout allait un peu trop vite.
Une voie sans issue, pensions-nous.
Et pourtant Alan Vega garda le cap,
bon an mal an,
jusqu'à ce triste jour d'été 2016,
ou il décida de raccrocher les gants,
à l'âge de 78 ans.
78,
comme l'année de nos 18 ans.
L'année de tous les dangers.
la boucle est bouclée.
à l'infini.




2 commentaires:

Paul Rattin a dit…

très très beau texte, bravo !
Un duo, du matos réduit au strict minimum, une vision totalement indépendante, du travail sans filet… et en bout de ligne pas mal de merveilles. Ces types étaient de vrais électrons libres.
J'ai appris il y a peu qu'ils s'étaient produits à Metz, avant 80, lors d'une des premières éditions du festival de science-fiction. Une énorme occasion manquée (pour moi).

Anonyme a dit…

Ouais à la salle Braun,si je me souviens bien.