jeudi, février 07, 2013

vie et mort d'un enfant sauvage

Cette vidéo des Troggs vaut son pesant de cacahuètes. On y voit les joyeux troubadours suivre innocemment (tu penses...) une charmante jeune fille sur le quai d'une gare, en hurlant Wild Thing! Et c'est, comme par hasard, un ami qui fréquente assidûment les gares (le p'tit Philippe, of course!) qui m'annonce la triste disparition, cette semaine, de leur incroyable chanteur Reg Presley. Je me souviens avoir vu les Troggs chez Paulette, à Pagney derrière Barine (tous les aficionados du rock binaire de France et d'outre manche ont fréquenté cet endroit, plutôt deux fois qu'une...), il y a une vingtaine d'années. Mes tympans s'en souviennent encore.
Ceux qui, comme moi, ont branché, un jour ou l'autre, une pédale disto leur doivent beaucoup.
La vie du chanteur, un exemple du genre, mérite qu'on s'y attarde. Ce qu'a fait, et bien fait, François Burkard pour le Monde:


Comme chanteur et compositeur des Troggs, il n'aura connu la vie de rock star que durant un an (1966-1967), le temps de quelques chansons mémorables. Âgé de 71 ans, Reg Presley est mort le 4 février 2013 à Andover, la ville du Hampshire (sud de l'Angleterre) où il était né en 1941.
Apprenti maçon, il fonde les Troglodytes en 1964 avec son ami Ronnie Bond. L'un s'improvise chanteur, l'autre batteur, tandis que Chris Britton (guitare) et Pete Staples (basse) sont débauchés dans un groupe du coin. Les Troglodytes perdent bientôt leur nom si évocateur (du grec trôglodutês, "qui entre dans des trous") pour ne garder qu'une onomatopée d'homme des cavernes, Troggs. Reginald Maurice Ball abandonne quant à lui son encombrant nom de baptême et devient Reg Presley.
Wild Thing devient n°2 du classement des ventes britanniques en mai 1966 et n°1 du classement américain en juillet. Démarquage éhonté des trois accords de Louie Louie, cette composition de Chip Taylor se voit gratifiée d'un incongru solo d'ocarina
Comme le Velvet Underground au même moment à New York – mais sans la moindre ambition artistique –, les Troggs se font un style de leurs limites techniques. Reg Presley n'est pas un raffiné, mais il est capable à l'occasion de mélodies primesautières, comme With A Girl Like You, et il chante avec une conviction impressionnante les "pa-pa-pa-pa" et "na-na-na-na" qui sont alors le fonds commun de tous les groupes pop. Les quatre albums réalisés par le groupe dans les années 60  sont inégaux, mais pleins d'heureuses surprises. On n'y trouve rien ou presque du psychédélisme ambiant. Ni sitar ni mellotron, donc, mais des paroles débiles ("Dou-dou-bi-dou, Peppermint too") que la voix de Reg Presley charge de menace ou de lubricité. 
Le groupe sera l'un des rares anciens à trouver grâce aux yeux des punks, notamment les Ramones et les Buzzcocks. Il partagera même l'affiche avec les Damned un soir de 1976 à Londres.
Parallèlement, Reg Presley tient des petits rôles dans des téléfilms britanniques et devient quelque peu contemplatif. Il passe de longues nuits à regarder les étoiles, et fait paraît-il de stupéfiantes découvertes au début des années 1990. Pris de passion pour les ovnis et les "crop circles", ces troublantes formes géométriques qui apparaissent parfois dans les champs de la verte Angleterre, il anime alors une émission sur le phénomène à la télé locale, The Reg Presley UFO Show. Un livre, intitulé comme de juste Wild Things They Don't Tell Us, fera forte impression dans les milieux ufologues par ses théories mêlant alchimie, politique et religion.

1 commentaire:

La truffe au vent a dit…

C'est pas St Pancrace, on se croirait dans le "tube", ça devait être un joyeux bordel.