mardi, août 31, 2010

clic-claque.

Il en est de la photo, comme de la musique. Parfois un seul cliché, comme une seule note, suffisent à nous faire fondre d' admiration devant un artiste, et nous convertissent (sans qu'on sache vraiment à quoi tient ce prodige) à l'ensemble de son oeuvre.
Il s'appelle Mario Giacomelli.

Né le 1er août 1925, à Senigallia, dans une famille très pauvre, Giacomelli revendique la pauvreté comme sa vraie « richesse ». « Un pauvre, dit-il, voit ce qu'un riche ne verra jamais. » Pour rester un voyant, il a rejeté la gloire et l'argent.


Cet attachement se manifeste aussi par les dons de ses photos aux gens de Senigallia, qui les accrochent dans leur salle à manger. Lors d'une exposition, une jeune femme n'arrive pas à voir une image, l'homme devant refusant de bouger. Giacomelli observe la scène, décroche le cliché et l'offre à la visiteuse.
Avec sa gourmette en or, sa chemise ouverte sur un torse poilu et son pantalon trop serré à l'entrejambe, il a l'allure d'un macho italien. Directeur d'une petite imprimerie, il loue l'été des transats sur la plage de Senigallia. Ce n'est qu'à 30 ans (en 1955) qu'il se met à pratiquer la photographie, exclusivement les week-ends - en « amateur », dit-il -, avec un appareil à quatre sous rafistolé au Scotch. Ces images, qu'il développe lui-même avec un art consommé, donnent l'impression d'être réalistes. Elles ne le sont jamais. Giacomelli se glisse sous la surface des choses. Il les fore jusqu'à ce qu'en surgissent, dans toute leur pureté, ses émotions face à la beauté et à la cruauté du monde.


Au travers d'une série comme Zingari (photo)
qu'on peut traduire par "gens du voyage",
on comprend que Giacomelli raconte plus que sa terre natale.
Il nous parle d'humanité.

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